En avant première nous avons découvert vendredi le nouvel orgue de l'église Ste-Odile de Wintzenheim, l'oeuvre d'une équipe de trois jeunes étudiants qui ont réalisé cet instrument avec patience et passion. Le résultat est surprenant et l'on est séduit par la très grande qualité des timbres.
Les trois jeunes maîtres d'oeuvre avec l'organiste Henri Sattler (photo DNA)
Le Conseil de Fabrique de Wintzenheim avait hésité pendant plusieurs années à remplacer le clavier électronique tenant lieu d'orgue à Saine-Odile. L'aménagement et les conditions climatiques (-7° en hiver et + 35° en été) interdisaient en effet l'installation d'un orgue traditionnel. Informé des exigences de la paroisse, Jean-Michel Batto, 24 ans de Wintzenheim, élève ingénieur à l'ESSAIM (Mulhouse) s'intéresse au problème dès 1992 et arriva à convaincre le Conseil de Fabrique présidé par M. Marcel Groelly de la nécessité d'adopter une solution moins classique. Ainsi, en collaboration avec Olivier Limacher, 24 ans de Colmar, ingénieur du son diplomé de l'Ecole Nationale Louis-Lumière (Vaugirard), il a démontré le concept de resynthèse numérique à l'aide d'une ébauche du futur orgue. Monsieur Groelly, enchanté du projet, entouré des membres du Conseil de Fabrique et de l'abbé Jean-Louis Hug, curé-doyen à Wintzenheim jusqu'en 1993, leur accorde les crédits nécessaires à sa réalisation. L'équipe se compléta avec la venue de Christian Vogel, 23 ans, de Ribeauvillé, étudiant en maitrise d'informatique à l'ULP de Strasbourg, et les travaux débutent en juillet 1993.
Pour ces trois camarades passionnés, un seul objectif : extraire d'une technologie numérique dénuée de vie la sonorité chaleureuse d'un véritable orgue à tuyaux, ce qui a influencé le choix de son nom : «Cantabile» qui, en latin veut dire «chantant». Selon la définition Cantabile signifie morceau de musique lente ou chant souvent empreint de mélancolie. Lors de la définition de ce que devait être cet orgue, a souvent été évoqué le son particulier que devait atteindre l'instrument. Il fallait qu'il soit chantant, vivant, différent en tout cas du son un peu figé, plat, si souvent restitué par les orgues électroniques. Le musicien jouant un passage noté cantabile donne à l'auditeur le sentiment que le passage est chanté. En fait de tuyaux, on aperçoit de la nef, une série d'enceintes acoustiques. Certaines d'entre elles ont été spécialement adaptées et sonorisées par Jean-Michel Batto. Elles garantissent le réalisme de la restitution des sons.
Au coeur du dispositif se trouve un processeur dédié au traitement du son, programmé par Olivier Limacher. Celui-ci génère une image sonore des différents types de jeux. Quant à la console, pupitre de l'instrumentaliste, elle fonctionne grâce à l'électronique conçue par Christian Vogel. Son accessibilité ne devrait pas dépayser l'inconditionnel de l'instrument-roi. La console peut en plus être déplacée à volonté dans l'église pour permettre à l'organiste de se rapprocher du choeur et des fidèles. La console de l'orgue est composée de trois claviers et d'un pédalier. Les claviers font cinq octaves chacun. L'orgue dispose de 72 jeux potentiels (26 sont effectifs). Actuellement de couleur musicale «baroque», cet instrument pourra à l'avenir avoir des colorations musicales symphoniques, romantiques. Les sonorités de l'orgue sont restituées par un ensemble d'amplificateurs et d'enceintes d'une puissance globale de 400 watts. Quelque 900 heures de travail et 50.000F de matériel ont été nécessaires pour réaliser cette installation unique en son genre dans la région. Lors de la présentation, présentation à laquelle assistaient notamment M. Marcel Groelly et le curé-doyen François Menny, Henri Sattler, organiste au conservatoire de Strasbourg, bien connu dans la région, interpréta quelques morceaux et fut séduit par la très haute qualité du son numérisé de l'instrument qui sera officiellement inauguré dimanche prochain 12 juin dans le cadre des festivités du 30e anniversaire du l'église Ste-Odile.
Source : Sven Bachert, DNA du 5 juin 1994
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