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Dans les milieux catholiques, dans la nuit du 5 au 6 décembre, un jeune homme se déguisait en évêque et, accompagné du Père Fouettard (Hans Trapp) passait dans tout le village pour distribuer des sucreries aux enfants. Il faut voir dans ce "Hans Trapp" une survivance des mythologies germaniques où il est affirmé que Wotan passe une fois par an sur terre pour récompenser les familles méritantes et pour punir les autres familles. S'il pleut ce jour, les vignes risquent d'être attaquées par le gel dans les jours suivants (Wintzenheim). Source : Fêtes et Coutumes d'Alsace au fil de la vie, Freddy Sarg, Editions G4J, 2002 |
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A la Saint-Nicolas, la nuit venue, la famille est rassemblée devant le poêle ronflant ; les petits attendent avec anxiété l'arrivée de leur grand patron. Ils sont aux écoutes ; la conversation des parents ne saurait les distraire. Ils s'avancent jusqu'à la porte, tendent l'oreille... La nuit est glaciale. Par un temps pareil, le saint aura-t-il le courage de sortir ? Tout à coup, des pas résonnent sur le sol glacé. Une clochette argentine, le braiment sonore d'un bourriquet, des coups discrets à l'huis. C'est lui, enfin ! Oui ce sont ses trois coups accoutumés et ses trois sonneries. La maman se dispose à ouvrir. Les enfants deviennent muets. Ils se blottissent dans le coin le plus reculé, serrés les uns contre les autres. La visite d'un saint c'est toujours une chose importante.
La porte s'ouvre et la figure de Saint-Nicolas apparaît sur le seuil. Son compagnon le terrible Hans Trapp attache à l'anneau extérieur le licol de l'âne chargé de cadeaux.
Tous se lèvent et s'inclinent. Saint-Nicolas majestueux et bienveillant appuie sa main gauche sur sa crosse. De la droite il bénit et demande de lui désigner les enfants sages pour leur remettre des friandises*. Saint-Nicolas demande également quels enfants n'ont pas été sages et il montre la porte et Hans Trapp qui apporte pour eux des verges trempées dans du vinaigre.
S'ils ne promettent pas d'être meilleurs l'année qui vient, il va les jeter dans sa hotte. Il les enfermera dans sa caverne jusqu'à Noël, sans chandelle, sans feu, au pain sec et à l'eau claire. Ils coucheront sur des fagots. Ce terrible discours fait trembler ceux qui ont quelques peccadilles sur la conscience. Mais comme ils se repentent, comme ils sont résolus à se corriger, Saint-Nicolas lit dans le fond de leurs cœurs. Il leur pardonne et la distribution commence.
* des pommes, des poires, des noix. Parfois aussi du pain d'épices et des mannalas (petites brioches en forme de bonhomme).
Source : DNA du 5 décembre 1984
Carte
postale N° 20 de Paul Kauffmann (1918) - Série de 24 cartes postales
"Usages et costumes d'Alsace" (collection Guy Frank)
Quand il a frappé trois fois, on lui ouvre la porte. Il apparaît, vêtu d'une robe somptueuse, le visage disparaissant dans une ample barbe blanche (André Lichtenberger).
Saint-Nicolas a toujours dans ses poches pour les enfants qui lui sont obéissants, soit des dragées ou de bonnes brioches, douces au point de fondre sous les dents ("Vie du Grand Saint-Nicxolas" 1827).
Source : Dictionnaire des Citations pour l'Alsace, H.J. Troxler, Éditions du Bastberg, 1987
La chanson des écoliersSaint-Nicolas, patron des écoliers Apporte moi des bonbons dans mon petit panier. Je serai sage comme un petit mouton, J'irai à l'école, apprendre mes leçons... |
(collection Guy Frank) |
Dans certaines localités, les enfants récitaient des rimes pour l'inviter à entrer : Lieber Nikolaus komm in unser Haus, leer dein Säcklein aus Lieber Nikolaus Nicki, Nacki, Nucki, henter'm Ofa stack i, breng m'r Aepfel on
Beera, so komm i wedder fera Sources : |
Saint
Nicolas et le bon charcutier de Colmar en France, Carte de vœux Fincker
Frères, dessinée par Hansi, imagier à Colmar, en 1938 (collection Y.B.
Wintzenheim)
Autrefois évêque de la ville de Myra, située en Asie Mineure (Turquie actuelle), Saint Nicolas (270-310) serait décédé apparemment un 6 décembre. Ce serait donc pour cette raison qu'on célèbre la Saint-Nicolas ce jour-là. Reconnu pour sa grande générosité, il devint, au Moyen Âge, le patron des petits enfants puis des écoliers.
La tradition rapporte que saint Nicolas de Myre s'est soucié du sort de trois jeunes filles de sa paroisse. Leur père, un noble appauvri, était sur le point de les vendre comme esclaves afin d'améliorer la situation familiale. Dans l'Antiquité, il n'était pas rare que la dot d'une jeune fille serve à subvenir aux besoins de ses parents et de la famille. Nicolas de Myre est considéré saint parce qu'il a su voir l'asservissement qui menaçait les trois jeunes filles. Il leur fit don de pièces d'or qui servirent de dot et leur permirent de retrouver la liberté. Le fardeau de la pauvreté ne les menaçant plus, chacune des jeunes filles put alors choisir son destin.
Saint Nicolas, patron des écoliers en particulier et des enfants en général, est aussi patron de la grande Russie et de la proche Lorraine. Il est donc normal de le retrouver souvent comme protecteur des paroisses proches de celle-ci.
[...] Au cours de son homélie, l'abbé Lucien Wirth est revenu sur la légende de saint Nicolas en rappelant la vie de Nicolas, évêque de Myre en Lycie, région incluse dans la Turquie actuelle. Le bon évêque, proche des pauvres et des opprimés, s'est évertué à ressusciter dans son diocèse les trois vertus théologales qui sont la foi, l'amour et l'espérance. Ce sont ces trois vertus qui ont ensuite été symbolisées dans l'imagerie populaire par les trois enfants, imagerie d'où fut tirée la légende que l'on connaît.
Le cantique à Nicolas, saint pontifie, défenseur de la foi a ponctué la cérémonie.
Source : DNA du samedi 14 décembre 2002
Cantique à Saint NicolasSaint Nicolas, vous qui avez sauvé Les trois enfants en leur rendant la vie Saint Nicolas, priez pour nous, Par votre glorieux martyre Saint Nicolas, vous qui avez aimé Les pèlerins sur le chemin de la vie Saint Nicolas, vous qui avez donné, Au Seigneur le meilleur de votre vie Abbé Pierre Kaelin |
Carte
de la Saint-Nicolas, Fribourg en Suisse 1954 |
La légende de Saint-Nicolas
Deux timbres français de 1951 et 1993 (collection Guy Frank) La Légende de Saint Nicolas veut que le saint ait ressuscité trois petits enfants qui étaient venus demander l'hospitalité à un boucher. Celui-ci les accueillit et profita de leur sommeil pour les découper en morceaux et les mettre au saloir. Sept ans plus tard, Saint-Nicolas passant par là demande au boucher de lui servir ce petit salé vieux de sept ans. Terrorisé le boucher prit la fuite et Saint-Nicolas fit revenir les enfants à la vie. |
Refrain : Tant sont allés, tant sont venus
Entrez, entrez, petits enfants,
Ils n'étaient pas sitôt entrés Saint-Nicolas au bout d'sept ans Entrez, entrez, Saint-Nicolas, |
Voulez-vous un morceau de jambon ? Du p'tit salé, je veux avoir Boucher, boucher ne t'enfuis pas, Petits enfants qui dormez là, Le premier dit : "J'ai bien dormi."
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Dictons météorologiquesTüet's uf Nikolai schneje, wurd vil Schnee im Winter keje Am Niklois Raje, se verfriera d'Rawa Source : Proverbes et dictons d'Alsace, Raymond Matzen, Rivages 1987 Fliest nach Niklaus der Rebensaft, so bringt der Winter keine Kraft Regnet's an Sankt-Niklaus, wird der Winter streng un graus Source : Proverbes d'Alsace, Elsässische Sprichwörter, recueillis et traduits par H.J. Troxler, Éditions du Bastberg 1977 |
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D'r Hans TrappSchoi, do, kummt dr' Hans Trapp Source : St Nicolas und Hans Trapp bei den ganz kleinen von St-Jean |
Le Portail Saint-Nicolas, à deux tympans* superposés, roman
et gothique, renferme les sculptures les plus remarquables de l'église.
Encadré de piédroits*, couronné des voussures* de son arc en tiers-point,
il représente dans la voussure extérieure "Maistres Humbret",
architecte de l'édifice. Le registre* inférieur du tympan roman est
l'illustration de la légende de Saint-Nicolas. A droite du saint évêque
les trois jeunes filles qu'il sauva du déshonneur, à gauche les jeunes
gens qu'il ressuscita. Au registre gothique supérieur domine le Jugement
Dernier.
Sources : * Piédroit : montant en colonne ou pilier sur lequel retombent les voussures d'une arcade
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Photo Guy Frank, 8 décembre 2002 |
![]() Mme Yvonne Beyer (photo Guy Frank, 21 novembre 2002) |
Madame Yvonne Beyer se souvient : Après la dernière guerre, l'ADEIF (Association des Evadés et des Incorporés de Force, les "Malgré-Nous") organisait, en décembre, des goûters avec remise de cadeaux aux enfants de ses membres et à ceux des incorporés de force tombés au cours de la seconde guerre mondiale. En 1953, l'ADEIF avait organisé un défilé avec un char de Saint-Nicolas qui a traversé tout le village jusqu'au Cercle Catholique. C'est mon mari, Paul Beyer qui était président à l'époque (1947 à 1959). Martin Grasser, Armand Fuchs et d'autres membres du comité ont grandement contribué à la réussite de cette manifestation ... |
Wintzenheim : St-Nicolas sera porté en triomphePour la distribution traditionnelle de friandises et de paquets aux enfants de ses membres par le St-Nicolas, le comité de l'ADEIF a conçu pour cette année une nouvelle manière de faire. Dimanche prochain, exactement le jour de St-Nicolas, vers 14h, un char richement orné et animé de St-Nicolas traversera les artères principales de notre localité. Le départ aura lieu dans la rue des Prés devant la maison du membre du comité Alfred Schaffar. Le cortège passera : rue de Logelbach, avenue Kiener, rue Clemenceau, rue Poincaré, rue Maréchal Joffre, rue Castelnau, place du Marché. C'est là que vers 15h aura lieu la distribution, présidée par St Nicolas en personne. Source : L'Alsace du vendredi 4 décembre 1953 |
St-Nicolas à WintzenheimLa section ADEIF de Wintzenheim a eu la très originale idée de distribuer
des colis aux enfants de ses membres et à ceux des non-rentrés à l'occasion
de la St-Nicolas. Un magnifique char sur lequel avait pris place St-Nicolas en
personne, entouré de nombreux anges, parcourut les rues de la cité tandis que
le Père Fouettard devait suivre à pied, attaché à une chaîne (car à
Wintzenheim tous les enfants sont sages). Source : Bulletin ADEIF du 4ème trimestre 1953 |
![]() Sur le tracteur : Alfred Schaffar, Joseph Schaffar (conducteur) En manteau : André Husson |
![]() De gauche à droite : En haut : Christiane Beyer, Armand Fuchs (Saint-Nicolas), Brigitte Grasser Sur la gauche : Hubert Wiegert En bas : Nicole Husson, Nicole Wiegert |
![]() De gauche à droite : Marguerite Grasser, Charlotte Dirringer, Lucien Brenner, Xavier Boehm (Hans Trapp), Marguerite Wagner, Joséphine Ingold, Bernard Wagner |
Section de WintzenheimDésireuse d'apporter toujours une note originale dans ses
manifestations, l'active section de Wintzenheim, après le succès obtenu
l'année dernière avec son défilé de St-Nicolas, continue sur sa
lancée. Source : Bulletin ADEIF du 4ème trimestre 1954 |
Wintzenheim : Fête de Noël de l'ADEIFLa fête de Noël de l'ADEIF a débuté dimanche à 14h30 place de la
Mairie par un cortège impressionnant. Sur un char tiré par des nains, trônait
majestueusement dans un cadre approprié, le "Père Noël" entouré de
quelques anges. Sa venue fut annoncée par les sonnettes de sa suite. Source : L'Alsace du mercredi 22 décembre 1954 |
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(photos Clément Gunther provenant de la collection de Madame Yvonne Beyer)
Saint-Nicolas sur son âne. |
Images de collections
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Saint-Nicolas accompagné de Herne Pan, personnage païen
mi bouc mi homme. |
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